lundi 29 novembre 2010

Lapidaire




Un philosophe, à Cioran :

On ne peut pas être tout à fait d'accord avec ce que vous dites.


Cioran, au philosophe :

C'est toujours un peu le cas avec la vérité.

samedi 27 novembre 2010

Il giorno della Schiffterina




"Aimer une femme, c'est ne pas admettre la possibilité d'un monde où elle serait absente".


José Ortega y Gasset

vendredi 26 novembre 2010

L'existentialisme est un primatisme

 


"On sait que, selon Sartre, les différents modes d'existence se définissent essentiellement par le regard d'autrui, toujours aliénateur, qui les fige, les glace, et les “choséifie“. […]Ainsi, il n'y a pas, en soi, de Jaunes ou de Noirs de par le monde, mais certains Hominiens auxquels l'Hominien occidental a répété inlassablement : “Tu es le Jaune-pour-autrui-dans-le-monde“, ou “Tu es le Noir-pour-autrui-dans-le-monde“, jusqu'à ce que ces malheureux hommes aient fini par se persuader qu'ils étaient bien réellement, qui le Jaune, qui le Noir.
Ainsi en a-t-il été des Chimpanzés. À force de s'entendre répéter à travers les grilles : “Toi, tu es un Chimpanzé“, le primate en est arrivé à se constituer véritablement comme Chimpanzé. […] C'est nous qui, par notre regard, avons posé les Chimpanzés en tant que Chimpanzés-pour-autrui-dans-le-monde. […] C'est parce que l'Hominien [occidental] bourgeois a toujours voulu regarder le Chimpanzé comme Chimpanzé, que le Chimpanzé s'est trouvé, en un mot, chimpanzéifié. […]Telle est notre œuvre. […] De Primates libres, nous avons fait des esclaves. Comment ne pas craindre, ne pas prévoir, ne pas comprendre, leur imminente révolte ?"

Clément Rosset
Lettre sur les chimpanzés

mercredi 24 novembre 2010

Âge d'or


Les gens font des enfants sans penser au voisinage. Au Paradis, il n'y avait pas d'enfants.

lundi 22 novembre 2010

Le Prince — relire le chapitre XVIII

Le défaut majeur de Nicolas Sarkozy dont les caisses du crédit accordé à sa personne sont vides, n’est pas tant de ne rien maîtriser de l'art de la prudence politique, que de négliger la lecture de Machiavel chez qui il aurait trouvé ce conseil avisé: «Le Prince a peu à craindre les conspirations lorsque son peuple lui est attaché; mais aussi il ne lui reste aucune ressource, si cet appui vient à lui manquer. Contenter le peuple et ne pas désespérer les grands, voilà la maxime de ceux qui savent gouverner.»

mardi 16 novembre 2010

Tape à l'œil contemporain

 


"Une œuvre d'art, aujourd'hui, c'est n'importe quel objet qui coûte cher."

Nicolas Gómez Dávila

dimanche 14 novembre 2010

Pessimisme balnéaire et mondanités

Biarritz, ce dimanche 14 novembre 2010, 17 h. La pluie pèse de tout son poids sur le soir pour qu'il tombe encore plus tôt. Je repense à la journée de mardi — à ce prix Décembre réputé chic et bien doté qu’une douzaine de personnes qui ne me connaissait pas personnellement — sauf l'une d'entre elles que je vois l’été à Guéthary — m’a décerné. En déjeunant avec les membres du jury dans la salle de restaurant véhipé du Lutétia, je me faisais l’effet d’être un cousin lointain invité à la table d’une famille divisée par des intérêts divergents, sans doute, mais liée par des activités communes. Tout le monde se tutoyait, riait, trinquait. J’avais du mal à penser que j’étais la cause d’une pareille bonne humeur. Gagné moi-même peu à peu par l’ambiance, je compris quelle était la finalité première d’un prix littéraire : se réunir entre gens d’une même profession et, toutes vanités et animosités rangées au vestiaire, se taper la cloche dans un palace parisien grâce à la générosité d’un mécène. Une fête de comité d’entreprise, en quelque sorte, plus mondaine et peuplée de belles femmes. 

mercredi 10 novembre 2010

Autumn in Paris


Mardi 9 novembre 2010. Laure Adler, présidente du jury du prix Décembre, annonce au lauréat, en présence d'une foule amassée dans le grand salon de l'hôtel Lutétia, qu'il est déchu de son titre d'essayiste le moins lu de France — déchéance dont l'intéressé ne lui tient pas rigueur. 

lundi 8 novembre 2010

Sartre par Baudelaire

Portrait de la canaille littéraire.
Doctor Estaminetus Crapulosus Pédantissimus.
Son portrait fait à la manière de Praxitèle.
Sa pipe.
Ses opinions.
Son hégélianisme.
Sa crasse.
Ses idées en art.
Son fiel.
Sa jalousie. 

Un joli tableau de la canaille moderne.
 

Charles Baudelaire
Mon cœur mis à nu

samedi 6 novembre 2010

Précis de dérision

 



Je pourrais faire un laïus sur le plaisir de lire les dictionnaires académiques et «décalés». Lire... Feuilleter, plutôt ; puis vagabonder de pages en pages, de définitions en définitions. L’érudition en goguette. Etc. J'ai la flemme. Pour donner l’envie aux visiteurs de ce blogue de flâner dans ce Dictionnaire du pire de Stéphane Legrand, j’ai cueilli quelques chardons :



APPLAUDISSEMENT, n.m. : Mouvement rythmique assez rudimentaire des avant-bras, par lequel le spectateur d’une émission de télévision exprime publiquement que, lui aussi, tout comme l’invité qui vient de parler, pense qu’il faut être tolérant, respecter les différences et lutter pour la démocratie.

 
HUMANISME, n.m. : Bourdonnement de la mouche au-dessus du cadavre.


NAIN, n.m. : Individu dont la taille présente l’avantage d’éloigner notablement son visage des poings de ses semblables, tout en comportant l’inconvénient de le rapprocher de leurs pieds.

OCCIDENTAL, adj. : Adjectif qualificatif. Du verbe «occire».


PESSIMISME, n.m. : Trouble oculaire dont le principal symptôme est une forte prédisposition à ne pas voir les choses comme elles ne sont pas.


SAULE, n.m. : Arbre aux branches duquel il est fort incommode de se pendre.

Etc.

vendredi 5 novembre 2010

Hobby

 
Photographie de Man Ray 


Cafarder — ou éprouver la finitude de tout avec le flegme d'un écorché vif.


mardi 2 novembre 2010

Jacques Mesrine a été assassiné le 2 novembre 1979

 



Le Mitard

Oui, Madame !
Il tourne, il tourne en des milliers de pas qui ne mènent nulle part
Dans un monde-béton, aux arbres de barreaux fleuris de désespoir
Inhumain…, rétréci…, sans aucun lendemain. 
Sa pitance est glissée sous une grille à terre
Et dans un bol l’eau… pour qu’il se désaltère.
Il est seul, sans soleil
Et n’a même plus son ombre.
Infidèle compagne, elle s’en est allée
Refusant d’être esclave de ce vivant mort-né.
Il tourne…, Il tourne et retournera toujours
Jusqu’au jour où vaincu en animal blessé
Après avoir gémi en une unique plainte
Il tombera à terre et se laissera crever
Pour trouver dans la mort sa seule liberté.
Je vous vois une larme… !
Pourquoi vous attrister ?
«Pauvre chien», me dites-vous !
En voilà une erreur…
C’est un homme, Madame,
Il est emprisonné.
C’est celui que vos pairs ont si bien condamné
En rendant la justice au nom des libertés.

Jacques Mesrine

Fleury-Mérogis…
Un jour de septembre 1976 où j’existais si peu
Que je n’étais même pas personne.

L’Instinct de mort
(Éditions Champ Libre -1984)