vendredi 25 juillet 2014

De la guerre


À nos yeux, un palestinien et un israélien de qualité sont des hommes qui, respectivement, ne cautionnent ni les provocations belliqueuses du Hamas, ni les exactions de Tsahal. Ces hommes, nous le supposons, doivent se trouver du côté de l’Autorité palestinienne et de la gauche israélienne. Sauf que leurs partis sont impuissants à calmer l’hybris ou l’ivresse du carnage qui anime les faucons du Likoud et les djihadistes du Hamas — Hamas qui fut au départ, nous le rappelons, un groupuscule soutenu par Israël pour affaiblir le Fatah. Nous ne croyons pas à une paix diplomatique. La paix n’est qu’un armistice qui s’obtient soit quand une armée écrase l’armée ennemie, soit quand le rapport des forces de destruction réciproque s’équilibre : quand les deux camps, après la montée aux extrêmes — comme dit Clausewitz —, se rendent compte qu’il serait plus dommageable que profitable pour chacun d’eux d’aller plus loin dans le conflit. Pour l’heure le rapport de forces entre Tsahal et le Hamas est de l’ordre de mille contre un. Nous notons toutefois que cette dernière organisation a fait des progrès sur le plan militaire et tactique. En causant des dégâts et des pertes humaines dans les rangs de l’armée israélienne, elle oblige celle-ci à une sorte de guerre totale qui touche davantage les civils que des combattants, ce qui, bien entendu, suscite la réprobation de l’opinion internationale. C’est un piège que les stratèges de Tsahal n’ont pu éviter et le Hamas peut considérer qu’il a remporté là une victoire. Certes, ce parti n’attend pas que des intellectuels le soutiennent en Occident, comme des idiots utiles, selon l’expression de Lénine, soutiennent Israël. Son but est que l’on perçoive sa capacité de nuisance comme pouvant être égale à celle du Hezbollah ou d’autres milices djihadistes au Levant. De même que le président Bush Jr. a favorisé les succès militaires des mahométans en Irak, le Hamas compte sur Netanyahou pour qu’il lui ouvre les avenues non d’un Etat laïc tel que le souhaitait Yasser Arafat, mais d’un émirat islamique en Palestine. 


4 commentaires:

  1. Tout simplement admirable, cher ami.

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  2. Le nouvel art de la guerre passe par l’utilisation des médias, de l’image, des troupeaux bêlants, de la sensiblerie. De fins stratèges, souvent pervers (le bouclier humain, quand même, quelle trouvaille !) domineront tôt ou tard ceux qu’ils prétendent vouloir libérer. Chacun joue impeccablement la grande partition des manipulateurs. Il ne reste plus à la foule qu’à prendre parti pour ceux qui ont l’air d’être les plus belles victimes pour que le tour soit joué… Le déferlement sur les réseaux sociaux a de quoi faire frémir… Qu’il est bon de haïr, de se défouler, de conspuer, de violenter…

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  3. Excellente analyse.
    Cordialement

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  4. Un Palestinien "de qualité" est un Palestinien qui a compris que l' Israël biblique sera reconstitué tôt ou tard. Tout porte à conclure en ce sens. C'est l'affaire d'une cinquantaine d'années tout au plus. Par "Israël biblique" il faut entendre l'Israël légal actuel de 1948 plus les colonies, plus les territoires encore désignés comme "palestiniens" et qui finiront eux aussi par être absorbés de force. Je pense à Gaza maladroitement rétrocédé par Ariel Sharon (qui s'en est très vite repenti) et à la Cisjordanie. Il suffit, pour s'en convaincre, de regarder une carte de l'évolution de la répartition du territoire entre Palestiniens et Israéliens depuis 1947. Les Palestiniens perdent du terrain à toute vitesse. Essentiellement devant la force. Donc, ledit Palestinien "de qualité", ayant compris l'évidence, lutte au fond pour avoir encore le droit d'exister comme Arabe et musulman au sein de cette nouvelle Terre sainte à venir. D'où sa bonne volonté. L'Israélien "de qualité" est celui qui lui reconnaît par avance ce droit, tout en ne remettant pas en cause le sens de l'Histoire qui est la reconstitution à terme d'un Israël à l'antique dominé par les Juifs. Les colonies elles-mêmes, pourtant illégales, ne sont jamais en tant que telles, sérieusement condamnées par les Israéliens conciliants ni par leurs inconditionnels alliés américains. En face, il y a les extrémistes juifs, qui comme tout le monde ont compris le sens de l'Histoire (ils en sont ici le moteur) mais ne veulent pas faire de place particulière aux non-juifs dans l’Israël futur. Il y a également les aveugles Palestiniens du Hamas qui, comme vous l'avez bien dit, ont été justement favorisés par Israël pour rendre la conquête programmée plus justifiable. Il aurait été moralement difficile de faire une guerre à outrance à des Palestiniens conciliants. Bref, Israël a l'avantage technique (écrasant) ainsi que l'avantage "moral" qui paralyse toute tentative pour un gouvernement occidental de s'en prendre trop sévèrement à des Juifs. L'attitude des Occidentaux s'explique sans doute par la mauvaise conscience mais également par la proximité culturelle et la volonté de ne pas parier sur un cheval arabe dont on sait déjà qu'il part perdant. On fait donc semblant de s'indigner contre le peu de respect qu’Israël manifeste à l'égard du chimérique "droit international" mais au fond on ne fait rien de consistant pour faire cesser le bruit des armes. Cicéron cède encore une fois devant César et on n'a pas fini de compter les morts.

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