jeudi 28 décembre 2017

Otium cum litteris — X




Depuis quelque temps, je travaille à mon nouvel ouvrage: Éthique de l’étiolement personnel. Pour stimuler ma réflexion, j’ai consulté un opus connu des seuls spécialistes de l’Idée du Rien, à savoir les Pensées rancies et cramoisies de l’excellent Johannes Zimmerschmül (clic). En avançant dans mon étude, j’ai souligné quelques sentences de ce sceptique lypémaniaque que je souhaite divulguer ici. Ainsi lit-on p.35 que «l’homme du nihil, accablé par l’odiosité de ses congénères, par les sinistres manigances de son Moi, et par les réalités bétonnés de l’objet — autrement dit par la résistance des choses —, a bien du mal à se garder de l’impression que le réel lui en veut personnellement.[…]»; p.76 qu’«on ne peut ressentir qu’une pitié immense pour le philosophe, cet avorton au teint cireux qui s’affaire incessamment à disséquer la réalité empirique. C’est l’homme qui s’enlise: on ne voit plus que sa main qui s’agite encore pour implorer un impossible secours et la fange conceptuelle l’ensevelit»; ou, p.78, cette mésaventure survenue à un Dasein obsédé par la pensée de se détruire, et qui, pour s’en affranchir, se jeta sur la Méthode pour arriver à la vie bienheureuse de Fichte mais qui, une fois le livre-remède refermé, fut en proie à des maux épouvantables et dégradants puis, après une longue agonie, trépassa. Dans le milieu très fermé des hommes du nihil, le bruit court que Johannes Zimmerschmül ne serait autre que Hermann Von Trobben, l’auteur du Monocle du Colonel Sponsz (clic) et qu'il aurait également signé des petits traités d’acédie inflammatoire sous le nom de Raymond Doppelchor ou de Marcel Banquine. On aurait affaire à une sorte de nouveau Soren Kierkegaard — penseur dont le divertissement était, on le sait, de changer de nom pour chaque livre. Sur la lancée de mes recherches bibliographiques qui contribuent à enrichir le propos de mon Éthique, je finirai bien par découvrir ce moraliste au «radical quinquet».