mardi 2 janvier 2018

Note sur la question de l'étiolement

Nous avons déjà indiqué au lecteur de cette page que nous préparions un essai sur l’étiolement personnel. Or, en amassant de la documentation pour les besoins de notre travail, nous sommes tombé sur ce rapport datant de 2013 établi par le professeur Edward Sampson à la demande des instances de l’OMS, et qui, très heureusement, traite de notre sujet. Nous en traduisons ici un passage des plus instructifs: «Si on observe la nature de l’étiolement (etiolation) on constate qu’il tire très certainement son origine du goût pour la philosophie. L’âge d’or en était exempt. L’âge d’argent, qui le suivit, conserva encore sa pureté. L’âge d’airain donna naissance au goût pour les idées. L’étiolement apparut alors ici et là, mais en des foyers circonscrits. C’est à l’âge de fer qu’il se répandit avec force dans le monde en vertu de sa contagion et que l’on vit émerger les diverses formes de diminution mentale et physiologique qui affectent les hommes depuis des siècles. Le platonisme produisit les humeurs aiguës et frénétiques; l’aristotélisme, la jaunisse et l’insomnie; c’est du matérialisme antique que vinrent les léthargies, les paralysies et les langueurs; le thomisme fit les inflammations de poitrine; le cartésianisme, les syncopes, le spinozisme les hallucinations géométriques, l’hégélianisme la gale; le nietzschéisme donna la goutte et les idées noires; le marxisme la rougeole; le scorbut fut la conséquence directe du positivisme, la dysenterie celle de la philosophie analytique du langage. Le structuralisme causa l’apoplexie; les neurosciences aggravèrent les migraines et les transports au cerveau; les études de genre générèrent les troubles de la libido […]» Deux pages plus loin, Sampson introduit une remarque intéressante: «L’objectivité nous pousse à signaler que d’autres chercheurs avancent l’hypothèse que ce ne serait pas ces doctrines qui suscitèrent ces troubles mais, à l’inverse, que ce serait ces troubles qui suscitèrent pareilles doctrines. Selon l’équipe du Dr Herbert Cohen-Livak, l’hédonisme solaire, par exemple, procèderait de crises aiguës de ballonnements accompagnées de bouffées mégalomaniaques.» […] «Sans faire le départ exact entre la cause et l’effet, reprend Sampson, on peut néanmoins affirmer que la philosophie à elle seule a engendré plus d’étiolement que tout le reste ensemble des microbes, virus et parasites, mais que, comme elle débite à son sujet le persuasif mensonge selon lequel elle serait le remède aux maux qu’elle provoque, au lieu de la blâmer et de se prémunir de ses effets morbides, les hommes la louent et s’y adonnent comme s’il s’agissait d’une médecine salvatrice pour l’esprit et le corps». Et Sampson de conclure: «Autant dire que la situation s’avère préoccupante». Inutile de préciser que nous ne partageons pas la préoccupation de l’auteur de ce rapport dans la mesure où nous concevons l’étiolement ni comme un bien ni comme un mal mais, sauf accident, comme une nécessité de l’existence. N’en déplaise au professeur Sampson, ce n’est pas en supprimant la lecture des philosophes, recommandation sanitaire que nous considérons au demeurant comme positive, que l’homme cessera d’être l’existant-pour-l’étiolement. Mais nous en avons dit assez sur ce point.